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L’APPROPRIATION DU TERRITOIRE, CONSTRUCTION DE L’IDENTITÉ PAR LE PAYSAGE

L’aménagement du quartier du Moulon est régi par deux stratégies urbaines complémentaires. Tout d’abord une stratégie à l’échelle du cluster-campus, conceptualisée par Michel Desvignes Paysagiste et le groupement XDGAFAA (réunissant Xaveer De Geyter Architects et Floris Alkemade). Puis, une stratégie à l’échelle du projet urbain de Moulon, réalisée par le groupement MSTKA (réunissant Saison-Menu architectes-urbanistes, Taktyk (paysagistes), ARTELIA (bureau d’études), OMA, D’ici-là et Alto) .

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Le paysage dans ces deux approches à une place prépondérante, puisqu’il est décrit comme un élément nécessaire à la bonne intégration du projet dans son environnement et à l’appropriation urbaine du territoire. Alors, comment utiliser le paysage pour favoriser l’appropriation urbaine de la ZAC du Moulon ? Comment créer une identité de quartier par le paysage ?

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Pour répondre à cette question, nous nous appuyons principalement sur l’article d’Eva Bigando, “Paysages ordinaires, paysages identitaires ? Immersion au cœur des manières d’habiter pour comprendre la relation entre paysage et identité”, extrait de Paysages, Patrimoine et Identité de Didier Bouillon. En complément de cette lecture nous avons sélectionné un second article d’Eva Bigando “Le paysage ordinaire, porteur d’une identité habitante, pour penser autrement la relation des habitants au paysage”.

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Pour mieux comprendre, comment ces deux lectures sont parvenues à l'élaboration de notre cadre théorique, nous proposons un résumé de ces deux articles. 

PAYSAGES ORDINAIRES, PAYSAGES IDENTITAIRES ? IMMERSION AU CŒUR DES MANIÈRES D'HABITER POUR COMPRENDRE LA RELATION ENTRE LE PAYSAGE ET IDENTITÉ

BIGANDO Eva, 2014, Paysages ordinaires, paysages identitaires ? Immersion au cœur des manières d’habiter pour comprendre la relation entre paysage et identité, dans Paysages, Patrimoine et Identité de Didier Bouillon, Comité des travaux historiques et scientifiques.

L’article s’intéresse à la compréhension des rapports sociaux et sensibles qui lient l’individu à ses lieux de vie à travers les expériences paysagères banales (parce que représentatives des lieux de vie ordinaires) d’un lieu habité. L’article tend à analyser les liens entre les lieux investis au quotidien et les habitants, selon deux prismes identitaires : l’identité collective (identité-nous) et l'identité personnelle (identité-je).

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LA CONSTRUCTION DE L’IDENTITÉ-NOUS
L’identité-nous, se construit à travers les paysages évocateurs du passé d’un territoire, ils initient une identité culturelle à laquelle tous les habitants peuvent se référer. Le premier critère de constitution de l’identité paysagère est donc la construction de l’identité par le patrimoine, l’histoire et la mémoire commune.

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LA CONSTRUCTION DE L’IDENTITÉ-JE
En plus de constituer une identité de groupe, les paysages peuvent participer à la constitution de l’identité personnelle liant un citoyen à son territoire. Pour ce faire, l’identité peut être construite par l’affect personnel et les pratiques individuelles qui permettent à un habitant de se constituer des souvenirs sur le territoire. Le territoire devient donc éprouvé par l’habitant, qui s’y réfère en tant que territoire vécu.

La construction de l’identité personnelle peut également passer par la participation active au paysage. Cette participation active permet d’une part à l’individu "d’inscrire matériellement sa présence et sa permanence dans l’espace(Bigando, 2014, p.9). D’autre part, le citoyen projette dans le paysage qu’il crée ce qui fait son identité.  

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Ce texte d’Eva Bigando, expliquant la construction de l’identité par le paysage, est basé sur des recherches “appliquées”, puisque de nombreux entretiens (réalisés dans la région bordelaise) ont nourri la réflexion de la chercheuse. Les milieux analysés sont qualifiés “d’archétype même d’un ordinaire périurbain en périphérie d’agglomération” (Bigando, 2014, p.1) avec des massifs forestiers, des friches agricoles et une urbanisation rapide ces dernières années, ce qui correspond également à la situation du territoire que nous souhaitons analyser.

LE PAYSAGE ORDINAIRE, PORTEUR D'UNE IDENTITÉ HABITANTE. POUR PENSER AUTREMENT LA RELATION DES HABITANTS AU PAYSAGE. 

BIGANDO, Eva, 2008, Le paysage ordinaire, porteur d’une identité habitante. Pour penser autrement la relation des habitants au paysage, Projets de paysages : revue scientifique sur la conception et l’aménagement des espaces.

L’article s’attache à définir et expliquer les relations liant les habitants au paysage. Dans ce papier, l’auteure énonce trois points à retenir concernant la dimension identitaire dont sont porteurs les paysages ordinaires.
Premièrement, elle énonce le fait que c’est par les sens, et plus particulièrement la perception que “l’être habitant investit ses lieux de vie ordinaires d’une valeur identitaire” (Bigando, 2008, p.2). Ensuite, l’auteure note que l’identité peut être collective (identité-nous) ou personnelle, individuelle (identité-je). Enfin, cette expression identitaire peut être intimement personnelle ou intimement partagée en étant donnée à voir.

 

Cet article, réalisé dans le cadre des travaux de recherche d’Eva Bigando, s’appuie sur une analyse des discours d’habitants périurbains de la périphérie bordelaise.

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Le présent article est venu compléter les idées que nous avions relevées de l’article de la même auteure présentée ci-avant. Il nous a en effet, permis de mieux comprendre l’essence des espaces permettant la construction de l’identité-je.

TROIS CRITÈRES DE CONSTRUCTION DE L’IDENTITÉ PAR LE PAYSAGE

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Source : Flaticon

Ainsi, trois critères peuvent participer à la construction de l'identité du lieu par le paysage. L’analyse que nous réalisons à la lecture de cet ouvrage porte donc sur la mise en relief  :

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  • des aspects historiques et patrimoniaux du quartier du Moulon, permettant la constitution d’une identité collective sur le territoire ;

  • des espaces permettant la construction de l’affect personnel ;

  • des espaces permettant au citoyen de contribuer activement à la construction de son paysage.

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Nous avons choisi d’analyser seulement les deux premiers critères puisqu’ils s’appliquent très bien à notre territoire. Nous n'avons relevé aucune initiative de la part des concepteurs pour permettre la construction de l’identité par la contribution active des résidents à la construction du paysage.

L'APPROPRIATION DU TERRITOIRE, CONSTRUCTION DE L’IDENTITÉ DU LIEU PAR LE PATRIMOINE

Les aspects historiques et patrimoniaux sont fédérateurs, ils permettent de regrouper la population sous une même identité en créant une identité-nous.
Mais, comment réaliser cela au sein d’un territoire ? Quelles sont les conditions de création de cette identité ?

Eva Bigando, dans son article “Paysage ordinaire, paysage identitaire”, note que ces paysages sont souvent mis en valeur, de sorte à transmettre la valeur du paysage au sein du quartier. Cette transmission étant d’autant plus importante dans des espaces où de nouveaux arrivants sont prévus et seront en quête d’identité (comme dans notre cas). Ces espaces collectivement désignés comme étant représentatifs de l’identité du lieu, sont repérés comme participant à un patrimoine commun. Souvent ces éléments paysagers sont désignés comme “digne d’être montrés et offerts au regard et au jugement” (Bigando, 2014, p.4). Donc en plus d’être identifié, ce patrimoine doit être identifiable. Ainsi, des aménagements visant à afficher ces éléments identitaires peuvent être réalisés.

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La construction de cette identité de communauté peut également contribuer à l’identité personnelle d’un individu qui se sent appartenir à une communauté ou qui définit le paysage commun comme constitutif de son identité.

 

L'APPROPRIATION DU TERRITOIRE, CONSTRUCTION DE L’IDENTITÉ DU LIEU PAR L'AFFECT PERSONNEL

La construction de l’identité personnelle par le paysage, contribuant à un tissage de lien individuel entre un résident et son milieu peut également s’effectuer par l’affect personnel, ou en d’autres termes, la construction de souvenirs.

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L’auteure affirme que la construction de cette identité est donc plus personnelle, elle touche un individu en particulier en fonction de ses pratiques du territoire (lieux de travail, itinéraires de déplacements, espaces résidentiels). Les éléments paysagers situés au sein même ou à proximité des espaces résidentiels sont souvent perçus comme constitutifs de l’identité personnelle. Outre cela, les lieux, offrant la possibilité de construire des souvenirs (tels de que les espaces verts ou les espaces de rencontre, ce que nous avons appelé les lieux de vie) constituent le paysage identitaire de ceux qui le pratiquent. “C’est donc un paysage chargé d’émotions, de souvenirs et de pratiques individuelles des lieux que les habitants investissent d’une dimension identitaire personnelle. Cette dernière s’attache alors aux lieux de vie imprégnés de l’histoire intime de chacun”. (Bigando, 2008, p.9)

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