L’Établissement Public Paris Saclay (EPPS) est en charge de l’aménagement de la ZAC du Moulon, qui vise à développer un quartier mixte à vocation de recherche scientifique forte. Cette ZAC est située à l’ouest du Plateau de Saclay sur un site accueillant déjà divers établissements de recherche et d’enseignement supérieur (Supélec, université Paris Sud, INRA, CEA…).
La réalisation du projet est conduite en étroite collaboration avec les différentes collectivités : les communes de Gif sur Yvette, Orsay et Saint Aubin, la Communauté d’Agglomération du Plateau de Saclay (CAPS), le Conseil Général et le Conseil Régional, ainsi que la Fondation de Coopération Scientifique (FCS) qui représente le 23 acteurs économiques et scientifiques de Paris-Saclay.
L’Établissement Public Paris Saclay (EPPS) est en charge de l’aménagement de la ZAC du Moulon, qui vise à développer un quartier mixte à vocation de recherche scientifique forte. Cette ZAC est située à l’ouest du Plateau de Saclay sur un site accueillant déjà divers établissements de recherche et d’enseignement supérieur (Supélec, université Paris Sud, INRA, CEA…).
La réalisation du projet est conduite en étroite collaboration avec les différentes collectivités : les communes de Gif sur Yvette, Orsay et Saint Aubin, la Communauté d’Agglomération du Plateau de Saclay (CAPS), le Conseil Général et le Conseil Régional, ainsi que la Fondation de Coopération Scientifique (FCS) qui représente le 23 acteurs économiques et scientifiques de Paris-Saclay.
L’APPROPRIATION DU TERRITOIRE, CONSTRUCTION DE L’IDENTITÉ PAR LE PAYSAGE
Les critères d'analyse que nous avons choisi, sont issus de deux articles d'Eva Bigando :
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BIGANDO Eva, 2014, Paysages ordinaires, paysages identitaires ? Immersion au coeurs des manières d’habiter pour comprendre la relation entre paysage et identité, dans Paysages, Patrimoine et Identité de Didier Bouillon, Comité des travaux historiques et scientifiques.
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BIGANDO, Eva, 2008, Le paysage ordinaire, porteur d’une identité habitante. Pour penser autrement la relation des habitants au paysage, Projets de paysages : revue scientifique sur la conception et l’aménagement des espaces.
Dans un premier temps nous nous attacherons à comprendre, comment les aspects historiques et patrimoniaux permettent la construction de l'identité du lieu. Ensuite, nous analyserons comment les résidents peuvent au travers de l'affect personnel, construire leur identité en lien avec le territoire.
CRITÈRE 1
LA CONSTRUCTION DE L’IDENTITÉ DU LIEU PAR LE PATRIMOINE
Le patrimoine rassemble, il est le témoin d’une identité collective de territoire. Qu’il soit construit ou naturel, le patrimoine est éprouvé par tout un chacun, il n’est pas personnel, il est partagé. Étant représentatif d’un territoire donné, le patrimoine ne participe pas à la création d’une identité subjective et personnelle, mais plutôt d’une identité objective et partagée. Le patrimoine est ce qui résonne chez les habitants d’un même territoire lorsque l’on évoque leur espace vécu. C’est, un paysage évocateur d’histoire et d’identité.
Ici, sur le quartier du Moulon le patrimoine est double. D’abord, il est naturel, de par la richesse environnementale du lieu, puis il est bâti du fait de la présence de bâtiments d’envergure ayant contribué à la construction du quartier et donc à son histoire.
Pour analyser ce critère et en relation avec les articles d’Eva Bigando, nous nous sommes donc intéressés, à la mise en valeur des aspects historiques et patrimoniaux (naturels et bâtis) dans le quartier à travers les aménagements proposés dans le plan guide, et les perspectives visuelles offertes vers le patrimoine.
Selon l’auteure, les éléments participant à l’identification et à la mise en valeur du patrimoine sont : les perspectives visuelles offertes vers le patrimoine, les aménagements touristiques, les réalisations d’équipements de loisirs ou autres aménagements visant la mise en valeur du patrimoine.
Ainsi, les questions sous-jacentes à cette analyse sont :
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les paysages naturels et bâtis identifiés sont-ils identifiables ?
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permettent-ils la construction d’une identité partagée ?
Figure : Démarche d'analyse de la construction de l'identité du lieu par le patrimoine naturel et bâti
Source des icônes : Flaticon
CRITÈRE 1 : LA CONSTRUCTION DE L’IDENTITÉ DU LIEU PAR LE PATRIMOINE
LE PATRIMOINE NATUREL
Figure : Le patrimoine naturel existant
Cartographie : Inès Cheikh, fond de plan : EPAPS
RETOUR L’IDENTITÉ DU TERRITOIRE
Le paysage de la ZAC du Moulon a toujours été très riche. Constitué de zones agricoles, de zones humides et de zones naturelles classées, le territoire est qualifié comme étant un territoire à la géographie amplifiée.
La cartographie ci-avant, met en évidence les qualités environnementales du quartier du Moulon. Nous pouvons voir que les espaces naturels classés, qui représentent donc une valeur patrimoniale importante ceinture le quartier par le sud de celui-ci. Les espaces agricoles classés présents au nord-ouest du quartier, prolongent le patrimoine naturel, créant ainsi un arc de cercle est-sud-ouest qui ceinture le quartier du Moulon.
Le territoire jouit d’une identité agricole forte, du fait de la présence de terres agricoles classées et du passé agricole du territoire. Pour compléter ce paysage diversifié, des zones humides sont présentes au nord du quartier. La richesse paysagère du territoire englobe donc totalement le quartier.
Ces richesses paysagères constituées de milieux diversifiés témoignent de la “géographie amplifiée” du territoire.
Le concept d’identité paysagère patrimoniale prend donc tout son sens dans le quartier, qui est héritier d’une identité paysagère forte.
En guise d’analyse de la prise en compte et la valorisation de l’identité paysagère patrimoniale, nous avons cherché à comprendre comment les aménagistes ont intégré la question du paysage patrimonial dans le projet d’aménagement. Nous avons cherché à déterminer comment l’histoire paysagère du territoire a été prise en compte dans l’aménagement, en analysant les liaisons entre le quartier et ses alentours (boisés, zones agricoles, zones humides) qui témoignent de cette richesse.
Figure : Le travail paysager au sein du quartier
Cartographie : Inès Cheikh, fond de plan : EPAPS
UN TRAITEMENT PAYSAGER GÉNÉREUX, AUX QUALITÉS VARIABLES
La lisière végétalisée, un espace seuil
La première caractéristique forte que nous pouvons dénoter est la création d’une lisière végétalisée au nord du quartier, préservant ainsi les zones humides du territoire. Cet espace boisé est un espace multifonction : parc, lieu de récolte et de stockage de l’eau pluviale (avec la rigole et les zones humides), un lieu de préservation des qualités du milieu, un espace de production (avec la création d’un verger urbain) et un espace seuil entre le quartier et l’échelle du grand paysage. En plus de présenter des qualités environnementales importantes, cette lisière contribue à l’identité paysagère du quartier, en offrant à ses résidents un important espace naturel et récréatif. Toutefois, cet espace rompt avec l’histoire agricole du quartier. En effet, en constituant un seuil entre le “grand paysage” agricole et le quartier, cette lisière est une barrière visuelle aux champs présents en arrière-plan. Ce parti pris d’aménagement même s’il remet en cause l’identité agricole du quartier, permet une transition douce entre le quartier et l’extérieur. La perspective visuelle depuis le quartier étant plus riche que si les rues débouchaient directement sur des étendues de champs.
Figures : La lisière nord
Source : Michel Desvignes Paysagiste
Le traitement paysager des rues
Pour valoriser le patrimoine paysager agricole et boisé, les concepteurs proposent de réaliser des rues plantées, rappelant ainsi les caractéristiques paysagères du territoire.
Globalement, les rues du quartier ont reçu un traitement paysager important. Comme nous pouvons le voir sur la carte ci-avant, les rues ont reçu un traitement paysager graduel, des rues les plus plantées (en vert foncé) aux rues moins travaillées (en vert plus clair).
Deux rues ont particulièrement reçu un traitement paysager plus important. Parmi celles-ci, l’une, au centre du quartier, lie les coteaux boisés, au sud, et le boulevard Nord en passant par l’allée centrale, le Deck. L’autre, elle, relie les coteaux boisés de l’est et du sud-est du quartier, vers le boulevard nord. Ainsi, ces deux rues offrent une certaine liaison paysagère entre le nord (la lisière plantée) et le sud (les coteaux boisés) du quartier, tous deux témoins du patrimoine paysager du quartier.
Les rues ayant reçu un traitement paysager un peu moins important contribuent au maillage du quartier en reliant des espaces verts, ou en liant le centre du quartier, vers ses extrémités (nord, sud, est et ouest). Les deux axes les plus importants ayant reçu ce traitement paysager sont: l’axe reliant le centre du quartier à la zone agricole protégée et le boulevard Nord, qui offrent des percées intéressantes vers la lisière du quartier.
La zone agricole protégée, bien que “desservie” par cet axe n’est que pauvrement mise en valeur. De fait, aucun accès court, rapide et ayant reçu un travail paysager ne relie cet espace au centre du quartier. Un traitement paysager depuis la plaine des sports aurait pourtant été possible et aurait permis d’intégrer la zone agricole au sein du quartier, valorisant ainsi l’histoire et l’identité agricole forte du quartier.
Figure : Coupe du traitement paysager depuis la lisière nord au boulevard nord
Source : Artelia
Finalement, le paysage est une composante très présente et importante dans le quartier. De nombreuses percées vers les lisières nord et sud permettent de mettre en valeur le patrimoine paysager, en créant des vues et en donnant accès à ce patrimoine. Ces lisières accueillent également des équipements de loisirs, ce qui participe à la mise en valeur de ces objets patrimoniaux.
En outre, le traitement paysager de la plupart des rues du quartier permet aux usagers du quartier d’être toujours aux prises de l’importance du végétal et du paysage dans le quartier contribuant ainsi à la construction de l’identité. Les espaces verts également répartis dans le quartier viennent appuyer et enrichir ces qualités paysagères en créant des zones de respiration au sein des espaces plus denses du quartier.
Ainsi, malgré la faible prise en compte de l’espace agricole, le patrimoine paysager du quartier est mis en valeur dans l’aménagement, permettant la construction de l’identité-nous au sein du quartier par le biais du patrimoine naturel.
PLAINE DES SPORTS
CRITÈRE 1 : LA CONSTRUCTION DE L’IDENTITÉ DU LIEU PAR LE PATRIMOINE
LE PATRIMOINE BÂTI
Figure : Les bâtiments à vocation scientifique existants
Cartographie : Inès Cheikh, fond de plan : EPAPS
RETOUR SUR LE PATRIMOINE BÂTI EXISTANT
Le patrimoine est un bien que l’on tient par héritage de ses ascendants. C’est également ce qui est considéré comme l’héritage commun d’un groupe. En ce sens, le patrimoine peut être de diverse nature. Précédemment, nous avons analysé le patrimoine naturel du quartier, qui, du fait de la géographie du lieu, constitue un héritage commun des citoyens “moulonnais”. Désormais, nous nous intéressons au patrimoine bâti existant sur le quartier, legs des processus d’urbanisation successifs du plateau.
Ces processus d’urbanisation ont été initiés dans les années 50, avec l’installation de l’INRA, du CEA, du Cyclotron, mais également de tissus pavillonnaires que nous pouvons qualifier de “rurbain”. Dans les années 70-80, c’est au tour de Supélec, l’IUT, l’IBP et le centre scientifique d’Orsay de s’installer sur ce qui deviendra le quartier du Moulon.
Ainsi, entre le premier processus d’urbanisation dans les années 50 et l’actuel développement urbain, presque 70 ans se sont écoulés (ce qui représente une période de temps assez courte).
Nous pouvons donc nous demander s'il est pertinent de considérer que les bâtiments issus de la première vague de développement du plateau dans les 50-70 représentent un patrimoine bâti évocateur d’une identité partagée du lieu ?
Selon nous, ces bâtiments représentent un patrimoine bâti important dans le quartier, du fait de leur envergure nationale et parfois même internationale (CEA, Cyclotron). Pendant, longtemps le quartier était identifié par les personnes extérieures comme un lieu de regroupement de plusieurs établissements de recherche et d’enseignement supérieur. L’identité du quartier s’est donc construite en partie avec l’implantation de ces bâtiments “rayonnants”.
Nous proposons une analyse de l’intégration de ces bâtiments dans le projet de quartier de la ZAC du Moulon, afin de déterminer s’ils sont en mesure d’être considérés comme héritage commun par les nouveaux usagers et résidents du quartier. Cette analyse permettra de déterminer si ces lieux qui ont constitué l’identité du quartier pendant près de 60 ans seront toujours des lieux “identitaires” identifiés dans le quartier.
Figure : Analyse de l'intégration du patrimoine bâti dans le projet du quartier du Moulon
Cartographie : Inès Cheikh, fond de plan : EPAPS
Les trois bâtiments d’envergure les plus identifiés par les résidents du quartier sont : Supélec, le CEA et le Cyclotron. Hormis l’école Supélec, ces bâtiments sont situés en bordure ouest du quartier. Comme nous pouvons le voir sur la carte ci-dessus, d’autres bâtiments existants et identifiés sont situés au cœur du quartier et renforcent le pôle central de la ZAC du Moulon.
Pour évaluer l’intégration de ces bâtiments existants “identitaires” au futur quartier du campus urbain moulonnais, nous avons souhaité comprendre leur articulation avec les espaces verts, les lieux de vie (lieux de rencontres, bandes centrales du quartier, espaces d’intensité forte) et les pôles de transports. Tous étant des équipements de loisirs et de services permettant la mise en valeur de ces objets patrimoniaux. (Bigando, 2014)
Selon l’article "Paysages ordinaires, paysages identitaires", l’appropriation de l’identité par le patrimoine bâti existant s’effectue en partie par l’offre de perspectives visuelles vers ces éléments identitaires. Nous nous sommes donc intéressés aux vues permettant de connecter les espaces mobilisateurs du quartier (mentionnés ci-avant) au patrimoine bâti identitaire. Nous avons donc représenté les perspectives visuelles vers ces édifices depuis les lieux de rencontres majeurs du quartier.
DES PERSPECTIVES VISUELLES DEPUIS DES ESPACES MOBILISATEURS INÉGAUX
Une première fracture à l’ouest du quartier
En un coup d’oeil, nous pouvons nous rendre compte que la Plaine des sports représente un obstacle visuel important créant une séparation entre le centre et l’ouest du quartier, regroupant pourtant deux édifices patrimoniaux majeurs. En outre, le CEA ne bénéficie que deux deux “ouvertures” visuelles lui permettant d’être visible depuis des points d’intérêts, qui sont dans ce cas un arrêt de bus et la Plaine des sports. Le Cyclotron, lui, n’est visible d’aucun élément rassembleur du quartier de par sa position en frange du quartier.
Une seconde fracture à l’est du quartier
Une seconde barrière visuelle apparaît au sud-est du quartier, isolant ainsi le centre scientifique d’Orsay qui ne bénéficie que d’une perspective visuelle depuis un élément central du quartier : le Deck. Cette perspective étant très éloignée du centre scientifique risque d’être peu concluante. D’autres perspectives existent depuis “Le Bassin” (un espace vert de proximité), elles sont toutefois assez éloignées des principaux circuits de mobilité. Par conséquent, le centre scientifique d’Orsay est en marge du quartier “central”. Ce dernier étant délimité par les deux segments en pointillés.
Un centre de quartier mettant en valeur le patrimoine bâti
Si nous nous intéressons maintenant au centre du quartier, nous pouvons souligner la présence de nombreux espaces mobilisateurs de natures différentes, qui offrent de belles perspectives visuelles vers les bâtiments patrimoniaux du territoire.
Si nous, zoomons un peu plus sur Supélec, élément fondateur du quartier, nous pouvons noter de nombreuses perspectives visuelles sont possibles depuis des espaces mobilisateurs diversifiés (la bande centrale le Deck, un espace vert et un lieu de vie du quartier). En plus, d’être visibles depuis ces espaces, l’école Supélec est adjacente à un parc et un lieu de vie. Cet édifice est donc toujours un espace identifiable par les usagers du quartier.
L’INRA, l’IBP et l’IUT sont également très bien arrimés aux nouveaux espaces mobilisateurs du quartier. De nombreuses perspectives visuelles permettent d’identifier ces lieux depuis des espaces clés de la ZAC (arrêt de bus, lieux de vie et de rencontres, et espaces verts). Toutefois, ces édifices ayant un caractère identitaire moins important, ils seront sûrement moins évocateurs de l’identité patrimoniale du quartier.
Pour conclure, nous pouvons affirmer que les perspectives visuelles depuis les espaces mobilisateurs du quartier vers le patrimoine existant, sont inégales entre l’est, le centre et l’ouest du quartier. Ainsi, deux éléments majeurs de l’identité du quartier sont peu mis en valeur, ce qui nuit à la construction de l’identité de quartier par l’identification du patrimoine bâti évocateur de l’histoire du plateau. L'école Supélec reste toutefois, emblématique du patrimoine du quartier. Facilement identifiable et bien connecté aux maillages d’espaces partagés, cet édifice pourra contribuer à la construction de l’identité du quartier, en devenant par exemple un point de repère.
En plus de ces aspects patrimoniaux et comme nous avons pu le voir dans les articles du cadre théorique, la construction de l’identité du quartier peut également être constituée par d’autres éléments, comme les espaces vécus que représentent les espaces publics.
CRITÈRE 2
LA CONSTRUCTION DE L’IDENTITÉ DU LIEU PAR L'AFFECT PERSONNEL
Comme indiqué dans l’article d’Eva Bigando “Paysages ordinaires, paysages identitaires ?”, la construction de l’identité d’un lieu peut également s’établir par des liens personnels entre les résidents et le territoire, ce que l’on appelle “l’affect personnel”. Les pratiques individuelles sur le territoire contribuent à l’établissement de souvenirs personnels attachés au(x) lieu(x). Le territoire n’est plus simplement parcouru, il est habité et vécu par ses résidents qui y construisent leur identité de territoire.
Nous cherchons ici à comprendre si le territoire permet la construction de l’identité du lieu par les pratiques individuelles et l’affect personnel.
Eva Bigando, dans ses articles “Le paysage ordinaire, porteur d’une identité habitante” et “Paysage ordinaires, paysages identitaires ?”, affirme que cette identité se construit par l’investissement personnel de l’habitant sur son territoire (et sur son paysage). Cet investissement permettant la construction de souvenirs intimes peut s’effectuer, sur ou à proximité des espaces résidentiels, sur des lieux fréquentés (lieux de travail, itinéraires de déplacements et lieux de loisirs), sur tous les espaces vécus où chacun a pu construire son histoire, son identité.
Nous avons pour cela analysé l’intégration de deux types d’espaces : les espaces verts et les lieux de vie (zones de rencontre), qui nous semblaient être des espaces où la construction de souvenirs et d'affect personnel sont favorisés.
Pour chacun de ces lieux, nous avons étudié, premièrement, l’offre en activité pour déterminer si l’espace peut permettre la réalisation de pratiques individuelles. Deuxièmement, nous avons souhaité mettre en relief les programmes résidentiels, et de services (équipements, commerces, services) pour analyser les liens entre les lieux qui appellent les pratiques individuelles et les espaces d’habitation et de services qui fédèrent la population d’un quartier. Enfin, nous avons interrogé la connexion de ces espaces permettant la construction de souvenirs avec le reste du quartier.
Figure : Démarche d'analyse de la construction de l'identité du lieu par l'affect personnel
Source des icônes : Flaticon
CRITÈRE 2 : LA CONSTRUCTION DE L’IDENTITÉ DU LIEU PAR L'AFFECT PERSONNEL
LES ESPACES VERTS
Figure : Analyse de l'intégration des espaces verts dans le projet du quartier du Moulon
Cartographie : Inès Cheikh, fond de plan : EPAPS
UNE OFFRE EN ESPACES VERTS RICHES
Comme nous pouvons le voir sur la carte ci-dessus, de nombreux espaces verts sont présents dans le quartier et offrent ainsi la possibilité aux résidents de créer des souvenirs dans ces espaces fédérateurs. Avant de continuer plus loin l’analyse, commençons par spécifier les caractéristiques de ces espaces et leur rôle dans le quartier (comme il a été pensé par les concepteurs de celui-ci).
Présentation des sites
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Les lisières nord et sud sont des espaces plantés de très grande qualité environnementale. Conçues pour mettre en valeur les caractéristiques paysagères du plateau et pour établir des seuils entre le quartier et ses environs, les lisières offrent également des services de loisirs avec ses nombreux chemins de promenades et ses infrastructures sportives et de loisirs.
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Le bassin est un espace vert de proximité offrant détenant des qualités environnementales fortes (bassin d’eau de pluie, boisés).
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Le jardin argenté est la porte d’entrée pour le quartier Joliot-Curie. Cet espace vert aux propriétés écologiques fortes (retraitement des eaux pluviales, bassin de rétention) est également un espace public important qui accueille la terrasse d’un restaurant universitaire, le parvis d’une grande école du quartier (École Centrale Paris) et du mobilier urbain public.
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Le parc du Moulon est un lieu central du quartier. Jouant un rôle identitaire fort cet espace offre des cheminements pédestres et des espaces de loisirs.
Une concentration d’espaces verts à l’est du quartier
Les trois espaces verts du quartier sont situés à l’est de celui-ci, aux alentours des pôles de vie majeurs que représentent par exemple le pôle multimodale. Cependant, la présence des lisières nord et sud entourant le quartier permet de rééquilibrer cette offre pour donner accès à des espaces verts à tous les résidents.
DES ESPACES VERTS AYANT UNE VOCATION DIVERSE DANS LE QUARTIER
La figure ci-dessus met en évidence une certaine spécialisation résidentielle et servicielle à l’ouest du quartier. Les utilisateurs de ces espaces, qui représentent des zones parcourues quotidiennement, sont plus à même d’utiliser le parc du Moulon ou les lisières comme zones de récréation de par leur proximité directe.
Le jardin argenté est lui situé aux abords d’importants pôles de “vie” et d’attraction que constituent les grandes écoles du quartier et le pôle multimodal. Sa proximité immédiate avec une voie majeure du quartier (Le Deck), lui promet également un avenir de zone de chalandise importante.
Enfin, le bassin constitue un espace vert de proximité principalement dédié aux habitants de l’est de quartier. Sa proximité directe avec un équipement public lui permet une meilleure intégration dans la matrice du quartier, en le rendant identifiable et identifié par les résidents.
LA CONSTRUCTION DE L’IDENTITÉ DU LIEU EST-ELLE PERMISE PAR LES ESPACES VERTS DU QUARTIER ?
Les espaces verts sont plutôt bien répartis dans le quartier. Ils offrent à ses habitants de nombreuses possibilités récréatives pouvant contribuer à la construction de souvenirs. Toutefois, comme indiqué plus tôt ces espaces verts ont des rôles différents en fonction de leur position dans le quartier.
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Le parc du Moulon ou les lisières invitent principalement les résidents (familles et étudiants) à venir jouir des aménités paysagères et de loisirs. Ces espaces seront donc un territoire identifié et vécu par les résidents du quartier, qui en le pratiquant vont tisser des liens avec le quartier.
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Le parc du bassin est un espace vert à la desserte très locale, il sera donc vecteur de l’identité du quartier pour les habitants des résidences familiales de l’est du quartier.
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Le jardin argenté représente un espace vert “de passage”. Sa position centrale dans le quartier et en bordure de plusieurs pôles attracteurs, en fera un espace quotidien très parcouru. Son relatif éloignement avec les espaces résidentiels lui confère le rôle d'espace récréatif journalier pour les travailleurs et les étudiants du quartier.
Ainsi, l’offre importante en espaces verts diversifiés permet de nombreuses possibilités de création de souvenirs dans le quartier, qui contribueront à un attachement fort des résidents et des travailleurs au plateau.
Figure : Analyse de l'intégration des espaces verts dans le projet du quartier du Moulon- connexion au réseau viaire
Cartographie : Inès Cheikh, fond de plan : EPAPS
La construction de l'identité du lieu par la construction de souvenir sur le territoire est également possible du fait de la connectivité importante des ces espaces. En effet, comme nous pouvons le voir sur la figure ci-dessus, tous ces espaces verts sont desservis par une multitude de typologies de voies, qui invitent les usagers à séjourner dans ces pôles créateurs de l’identité.
CRITÈRE 2 : LA CONSTRUCTION DE L’IDENTITÉ DU LIEU PAR L'AFFECT PERSONNEL
LES LIEUX DE VIE
Figure : Analyse de l'intégration des lieux de vie dans le projet du quartier du Moulon
Cartographie : Inès Cheikh, fond de plan : EPAPS
UNE OFFRE EN LIEUX DE VIE IMPORTANTE ET DIVERSIFIÉE
Comme nous pouvons le voir sur la carte ci-dessus, de nombreux lieux de vie sont présents dans le quartier et offrent ainsi la possibilité aux résidents de créer des souvenirs dans ces espaces fédérateurs. Avant de continuer plus loin l’analyse, commençons par spécifier les caractéristiques de ces espaces et leur rôle dans le quartier (comme il a été pensé par les concepteurs de celui-ci).
Présentation des sites
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Le Deck est un espace traversant central dans le quartier. Il constitue un élément fort de l’identité du quartier de par sa place et les programmes qui le bordent (ENS, Learning Center, commerces, pôles de transports).
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Le Mail un lieu de polarité commerciale. Cette continuité piétonne arrimée au Parc du Moulon est située à proximité d’un pôle de mobilité et d’un axe nord/sud important.
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La Plaine des Sports est un lieu accueillant la majorité des équipements sportifs du quartier et des communes constituant la ZAC du Moulon.
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Le Carré des Sciences est une place destinée à accueillir les événements liés à la vie du campus-cité.
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Le Lieu de Vie est un restaurant universitaire destiné à tous les étudiants du quartier. Ouvert sur la place du lieu de vie, et composé de terrains de sports sur son toit, il est également un lieu d’attraction important. Ce bâtiment est adossé à la place du lieu de vie, un espace public majeur destiné à l’ensemble des étudiants, chercheurs, et employés du quartier.
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Le Point F est un lieu de vie et de rencontre avec une offre de restauration/bar et des espaces festifs et culturels (salle de projection).
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Le Learning Center est un lieu ouvert en continu pour tout un chacun, composé d’une bibliothèque, de salles de lectures et de travail, et un auditorium et d’une brasserie.
Une répartition intéressante, accessible à tous ?
Les lieux de vie sont globalement très bien répartis dans le centre du quartier. Toutefois, la Plaine des Sports peut apparaître soit comme une coupure excluant l’ouest du quartier, soit comme une zone de transition, une porte d’entrée, invitant les habitants de l’ouest du quartier à utiliser les autres zones de rencontres de la ZAC.
DES LIEUX DE VIE DIVERSIFIÉS CONSTELLENT LE QUARTIER
Les typologies de lieux de vie, comme nous venons de le voir, sont très variées. Ces espaces répondent à de multiples envies et besoins des résidents du quartier. Certains s’adressent un peu plus spécifiquement aux étudiants du plateau comme le lieu de vie, qui propose des espaces de rencontres pour les étudiants. La position de cet espace et de sa place publique entre deux pôles d’enseignement et de recherche importants (que sont l’École Centrale et le BPC) explique également la spécificité du lieu.
Néanmoins, globalement ces lieux de rencontre sont destinés à tous les usagers, valorisant ainsi la mixité sociale dans le quartier. Ces lieux de vie sont très bien arrimés à la matrice du quartier, puisqu’ils sont diffusés dans le tissu urbain, entre les programmes résidentiels, commerciaux et de services (équipements publics et services).
Nous pouvons également remarquer que les lieux de vie, permettant la construction de l’identité du lieu, sont également très bien positionnés pour capter les flux quotidiens importants que représentent les pôles d’envergure soulignés en bleu foncé.
Seul le sud-est du quartier semble loin de ces espaces attracteurs et générateurs de vie, puisque la zone de rencontre la plus proche (le Lieu de Vie) ne cible pas la population de cette partie du territoire.
LA CONSTRUCTION DE L’IDENTITÉ DU LIEU EST-ELLE PERMISE PAR LES LIEUX DE “VIE” DU QUARTIER ?
Les lieux de vie du quartier du Moulon permettent et renforcent la mixité sociale du quartier, en invitant des typologies de personnes différentes à utiliser les mêmes espaces de vie.
La diversité et les typologies de programmes de ces espaces publics invitent à la pratique du territoire, selon des aspects culturels, festifs, récréatifs, sportifs et commerciaux. Cette diversité de possibilités de vivre le territoire contribue à la construction d’une identité du lieu. Ce cadre de vie, très riche permet la constitution de souvenirs participant à la construction du lien entre le territoire et les résidents.
La force des espaces de vie est leur proximité avec des services, des équipements et des programmes phares du quartier. En étant visibles et accessibles depuis des programmes fédérateurs du quartier, ces espaces de vie invitent les résidents à s’y attarder et à construire des souvenirs, renforçant ainsi les liens avec le territoire. En outre, la proximité des lieux de vie avec le tissu résidentiel vient également renforcer leur attractivité.
Figure : Analyse de l'intégration des lieux de vie dans le projet du quartier du Moulon- connexion au réseau viaire
Cartographie : Inès Cheikh, fond de plan : EPAPS
En outre, ces lieux de vie sont très bien connectés à la trame viaire. Les trois programmes les plus fédérateurs, à savoir, La Plaine des Sports, le mail et le Deck, accueillent des arrêts de transports en commun, invitant les résidents du quartier et des alentours à pratiquer le territoire. Les autres programmes sont situés à proximité de liaisons importantes ou de liaisons piétonnes invitant également à les résidents à s’y rendre.